…«Sous le roseau, de la fumée s’élevait,
Sous le roseau, une flamme jaillissait,
Et de la flamme surgissait un jeune homme blond»…
Avec l’incroyable clairvoyance de Khorenatsi, les lignes mentionnées plus haut, tirées de la célébration de la naissance de Vahagn, encapsulent une sagesse ancienne avec une profondeur fascinante.
Le feu, la fumée, et la flamme sacrée (associée au soleil et à la lumière) étaient vénérés par nos ancêtres comme source de vie et énergie créatrice, incarnés dans les grandes figures divines du panthéon arménien, telles que Chanti, Pailak (connues également sous les noms de Teshub ou Tarku-Tork dans la mythologie, et dans la littérature, divinité du tonnerre et de l’éclair, équivalent de Zeus ou Jupiter, puis assimilées à Aramazd, Mihr, Vahagn).
Ces traditions, bien qu’altérées par le passage des millénaires, demeurent vivantes dans nos fêtes et rituels d’aujourd’hui.
Dans nos foyers ancestraux, la bénédiction « Que ton foyer soit florissant ! » résonne encore, véhiculant le message de garder la flamme du foyer allumée, transmis de génération en génération par le rituel de la fumée montante.
Les terres mentionnées comme Pays du Feu dans les inscriptions antiques – Nairi (Mitanni, plus tard Ourartou/Biainili) – brillaient autrefois des feux sacrés de leurs temples. Aujourd’hui encore, leur éclat persiste dans les bougies, les veilles rituelles, et les torches utilisées pour des cérémonies modernes.
Avec des variations subtiles…
Dans le monde antique, le Feu Céleste a peu à peu laissé place à la symbolique de la Lanterne. Cette dernière joue un rôle central, par exemple, dans les Jeux panarméniens, où la torche allumée devient un écho des anciennes traditions olympiques du mont Olympe.
Prométhée, descendant de Japet et ancêtre mythique d’Haïk, aurait apporté le feu aux mortels après l’avoir volé aux dieux. Ce geste, porteur de connaissance et de sagesse, lui valut une punition sévère : être enchaîné à un rocher.
Ainsi, chaque progrès humain, chaque conquête de la connaissance, demande des sacrifices.
Transmettant la lumière et la chaleur du soleil aux hommes, Prométhée a contribué au développement de nombreux arts et techniques, tels que la métallurgie, l’astronomie et l’architecture. De même, dans les mythes sumériens, Enki diffusait la lumière et la sagesse grâce à Oannes, une figure mi-homme mi-poisson.
Dans les temples antiques, le feu sacré éternel était symboliquement « capturé » par des rayons solaires concentrés avec des miroirs paraboliques (skaphia).
Les athlètes portaient ensuite ces flammes, en hommage aux anciens dieux, depuis le sanctuaire d’Hestia jusqu’au lieu des jeux.
Dans une reconstitution moderne de ces traditions, on retrouve parfois des prêtresses vêtues de blanc, célébrant l’allumage des torches…
Comme l’évoquait magistralement Varoujan : « …Une lumière émergeait à travers les roseaux… »
Ci-joint, une superbe lampe à sept branches de 4 à 5 millénaires, provenant de Metsamor…