Les études sur les premières phases de formation des communautés chrétiennes en Arménie et dans d’autres pays tracent une image de l’époque.
« Une ancienne tradition de la Méditerranée orientale, devenue ensuite une doctrine, raconte l’histoire du Christ-Dieu, qui s’incarna, souffrit et fut crucifié pour le salut de l’humanité. Cette doctrine contenait quelque chose de réconfortant et de consolant. Mais quand les apôtres pêcheurs furent remplacés par des papes et des patriarches qui combinèrent leur crosse pastorale avec le sceptre royal, la foi devint un cauchemar.
Et ces premiers chrétiens étaient eux-mêmes des barbares : ils torturèrent d’abord leur prophète, le crucifièrent, puis s’agenouillèrent devant son corps mutilé. Cette foi fut adoptée par des gens anonymes, les Juifs de la diaspora et les Assyriens.
Ils étaient sans abri et sans patrie. Ils vivaient dans les ports, sous les sacs de marchandises déchargés, dans les bas-fonds de Rome. Ils, sales et en haillons, remplissaient les marchés et les places publiques, mangeaient des bananes et des oranges pourries et offraient leurs services aux passants. La conduite de Marie est douteuse, Paul était un criminel, la Magdaléenne une prostituée, et Judas partageait la même table que le fils de Dieu.
Et la question se pose, qui était le plus barbare : le chrétien Alaric ou Attila, qui n’avait pas encore de foi mais détruisit Rome avec lui ?
Le christianisme ressemble au fleuve sacré de l’Égypte, qui déverse de la boue sur ses rives. Il a débordé, recouvrant sous la boue qu’il a transportée toute une civilisation, devenue fertile pour de nouvelles pousses»…
… « La conversion a commencé, et sur le chemin de cette conversion, une civilisation entière a été piétinée.
Grégoire le Parthénien incite le roi à démolir, détruire, anéantir tout ce qui est païen, à supprimer toute tentation afin qu’il ne reste plus aucun obstacle sous les pieds…
… Pour la paix commune.
C’est avec ce souci que sont nés tous les massacres et les nuits de la Saint-Barthélemy. Et le roi accède à la demande de l’apôtre césarien. Il ordonne que les anciens dieux, vénérés par ses ancêtres et par lui-même, soient considérés comme des faux dieux et soient effacés de la mémoire.
…« Quand la foi se mêle au pouvoir, le crime émerge.
Et il émergea : à Artachat et ensuite à Yeriza, les temples de la Grande Anahit furent abattus et incendiés » (…)
« Et vient l’apôtre armé de la croix » (…) «il s’éleva, abattit, renversa toutes les constructions des temples »
« L’historien ajoute ensuite avec satisfaction : ‘Tout cela fut accompli par la volonté du Dieu miséricordieux par les mains de Grégoire.’ Et Grégoire le Parthe, qui qui détruisit par le feu l’ancienne civilisation arménienne, fut appelé le « l’illuminateur ».»
Après les extraits ci-dessus tirés du livre « Mashtots » du célèbre linguiste, historien et docteur en philologie Artashes Martirosyan, citons quelques passages de l’article « Les sources assyriennes sur l’Église arménienne » du docteur en sciences historiques Hayk Melkonyan :
« Il est établi que dans ces premières communautés chrétiennes, se regroupaient des représentants de divers peuples et, par conséquent, ces organisations ne possédaient pas de caractère national. Leur force unificatrice résidait dans cette idéologie progressiste qui appelait à l’unité les opprimés, les méprisés, les abandonnés et les mécontents au sein de la société.»
(…)
« Avant de traiter de ces traditions (les récits ultérieurs, les diverses « vies de saints », etc., K.A.), il convient de se renseigner sur l’œuvre « Antiquités juives » de l’historien juif du Ier siècle, Flavius Josèphe, qui renferme des faits intéressants concernant les premiers prédicateurs juifs. Selon ce qu’atteste cet historien, vers le milieu du Ier siècle de notre ère, les prédicateurs juifs Ananias et Éléazar de Galilée prêchaient la religion juive à Charax-Spasini et à Adiabène.»
(…)
« Et lorsque la question de la circoncision d’Izates (fils de Monobaze, roi d’Adiabène, K.A.) se pose, Ananias considère qu’un tel rite n’est pas indispensable pour devenir adepte de la nouvelle religion.»
(…)
« Nous croyons que ce témoignage de Josèphe se réfère au christianisme, étant donné qu’à ses débuts, cette nouvelle doctrine était désignée comme « religion juive » en dehors de la Judée. De plus, il est bien établi que le mosaïsme était une religion strictement nationale juive et, de par ses principes, ne visait que le salut du peuple juif, ce qui rend compréhensible qu’une telle religion ne soit pas prêchée parmi les non-Juifs.»
Pour la diffusion d’une religion étrangère, des écoles spéciales furent établies en Arménie, où l’enseignement se faisait en trois langues : grec, syriaque et persan. Les élèves étaient choisis dans chaque province et région. Selon Agathange, des groupes d’enfants étaient forcés de quitter leurs lieux d’origine pour recevoir une éducation.
Les premiers enseignants de ces écoles étaient des prédicateurs grecs et syriaques qui avaient accompagné Grégoire l’Illuminateur en Arménie. « Il trouva de nombreux frères, qu’il convainquit de venir avec lui pour les ordonner prêtres dans son pays, rassemblant de nombreux groupes, il les emmena avec lui, » rapporte Agathange. « Par la suite, les successeurs de l’Illuminateur suivirent l’exemple de leur ancêtre. L’Arménie se remplit de prédicateurs étrangers, qui devinrent plus un fardeau qu’un avantage, » écrit l’évêque Vahan Ter-Yan.
De nombreuses générations de Haykazunis, en tant que nobles et honorables Enfants du Soleil, ont défendu leurs ancêtres face aux pressions et aux persécutions indicibles des étrangers, perpétuant et transmettant de génération en génération la doctrine de Hayk, les traditions nationales et les valeurs arméniennes.
Dans les écrits de diverses époques et la littérature médiévale, on trouve des mentions des Enfants du Soleil, souvent déformées par les circonstances de l’époque et par ignorance.
« Un manuscrit en parchemin parle des anciens Enfants du Soleil installés sur le plateau de la rive gauche de l’Araxe. Et cette région s’appelait Arévik »… (A. Bakunts)
« …Moi aussi, je voudrais être appelé Enfant du Soleil. En fait, je suis un Enfant du Soleil »… (M. Saryan)
La suite dans le prochain article à venir.