«CÉRÉMONIES RELIGIEUSES EN ARMÉNIE : OFFRANDES»…

En continuant l’étude des diverses manifestations du rituel d’offrande, qui s’est perpétué depuis les temps anciens, voici quelques passages tirés de l’article d’Ervand Lalayan intitulé « Les rites chez les Arméniens » :

…« En tant qu’offrandes initiales, des dons de blé, farine, huile, fromage, beurre, huile d’olive, raisin et vin ont graduellement évolué en impôts ecclésiastiques après les offrandes libres faites aux amis et à l’église ainsi qu’à ses prêtres :

FRUITS — À Éjmiatsin, dans toute l’Arménie russe, du blé est collecté durant la période des moissons, environ un pood (unité de mesure du poids : 1 pood = 16.3 kg) par maison, tandis que dans la juridiction du catholicosat d’Aghtamar, environ un demi-pood par maison est collecté au profit du monastère Sainte-Croix d’Aghtamar.
Dans cette dernière juridiction, seuls ceux qui possédaient un lit, c’est-à-dire les personnes mariées, étaient tenus de payer cette taxe, sauf s’ils n’étaient plus en mesure de procréer.
Si quelqu’un refusait de payer, le collecteur ecclésiastique le maudissait en disant : « Que tu ne portes plus de fruits. » (dans le sens de ne plus pouvoir procréer) »

Pour collecter cette taxe, des moines et des prêtres délégués parcouraient les villages et prêchaient aussi dans les églises. En guise de cadeau, ils recevaient plusieurs poods de blé, que l’on appelait « les fruits du bâton », faisant référence au bâton tenu par le prêcheur ou au symbole d’autorité qu’il représente.
Au même moment, le prêtre de la paroisse, accompagné du sacristain, bénissait les aires de battage de ses paroissiens et recevait environ un pood de blé et un demi-pood d’orge, qu’on appelait « les fruits de la moisson », tandis que le sacristain obtenait environ un quart de pood ou un petit sac de blé.

Dans les villes et les grands villages, au lieu de cette taxe en blé, les sacristains passaient chaque samedi avec un grand panier sur le dos en criant : « Le pain du sacristain, mesdames ! »
Chaque famille donnait un pain entier.

Cette coutume a également disparu, sauf dans certains endroits comme l’Ancienne Nakhitchevan, Kaghzvan et Van, où cette pratique persiste seulement pendant les sept semaines du Grand Carême. Chaque foyer apporte spontanément un pain hebdomadaire à l’église pour le sacristain. Si quelqu’un refuse, le sacristain se rend chez lui pour le réclamer.
Cette taxe est appelée « les sept pains ».
En Djavakhk, une ancienne tradition subsiste encore : le parrain est tenu de donner une paire de chaussures au roi, qui, en échange, doit offrir ses vieilles chaussures au sacristain. »

Fromage — Au printemps, après la fête de l’Ascension, des agents allaient dans les villages pour collecter le lait d’une journée de brebis, en faisaient du fromage, qu’ils envoyaient ensuite à Etchmiadzine. Cela se faisait aussi dans la région d’Aghtamar.

Huile — À l’automne, les agents revenaient dans les villages pour prendre une livre ou une demi-livre d’huile de chaque maison au bénéfice du Saint-Siège. Dans la région d’Aghtamar, ils prenaient aussi une paire de chaussettes pour les moines.

Huile et Chanvre — Pendant le Grand Carême, dans la région d’Aghtamar, ils recueillaient de l’huile, du chanvre et du coton comme contribution pour l’église. L’huile et le coton servaient pour les lampes, et le chanvre pour fabriquer des cordes pour accrocher les lampes et pour les bateaux du monastère.

Vin — Chaque propriétaire de pressoir, lorsqu’il obtenait du vin nouveau, en partageait avec ses amis, le prêtre et le chef de village, et apportait deux coupes à l’église comme « offrande », destinée à être utilisée pendant la communion lors des messes.
Dans beaucoup d’anciennes églises, des amphores étaient enterrées pour conserver ce vin.
Dans plusieurs régions, quand on commençait à presser le vin, le prêtre bénissait le pressoir et recevait du raisin en guise de récompense.

Farine — Lors de la première mouture du nouveau blé, une petite quantité de farine était envoyée à l’église pour être utilisée dans la préparation des hosties.

Raisin — Lors de la fête de la Dormition de la Sainte Vierge, chaque propriétaire de vignoble apportait entre 5 et 10 livres de raisin à l’église. Une partie était bénie et distribuée aux fidèles, tandis que le reste était donné aux prêtres et aux sacristains.

Beurre — Le Jeudi Saint, pendant la cérémonie du Lavement des pieds, chaque maison apporte un morceau de beurre, appelé « khiar », de la taille et de la forme d’un concombre, qu’ils offrent au prêtre à l’église.
Une petite partie est bénie et partagée avec les fidèles, tandis que le reste est conservé par le prêtre.

Poulets — Dans la région du catholicosat d’Aghtamar, il était coutume à l’automne que chaque maison offre 1 ou 2 poulets comme tribut à Aghtamar.
Pour Pâques et la Sainte-Croix, les habitants apportaient en cadeau au catholicos des agneaux, des œufs, des gâteaux, du sucre et des poulets rôtis. De plus, beaucoup donnaient le « baiser de la main ».

Offrandes funéraires et spoliation — Autrefois, chaque monastère envoyait une ou deux fois par an des prêtres dans les villages de son diocèse pour recueillir auprès des proches des défunts de l’année un « partage funéraire », qui consistait en des moutons, du bétail ou de l’argent, ainsi qu’une « spoliation » des effets personnels du défunt, comme son lit.
Aujourd’hui, cette pratique a cessé, et à la place, une somme d’un rouble ou plus est demandée lors de l’anniversaire du décès au profit de l’église, en guise de « partage funéraire ».
…« Le premier veau né d’une vache ou d’un buffle est habituellement donné à l’église. »