« Le grenadier incarne mon pays » ou « Le printemps parlera arménien, et les siècles résonneront en arménien »
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Le 14 avril 1914 naissait Hamo Sahyan, le poète arménien qui, avec ses « lèvres imprégnées de rosée », a chanté son pays natal, sa Patrie et son Chant des falaises.
Profondément ancré dans l’héritage culturel de ses ancêtres, il nous laisse des vers qui résonnent encore aujourd’hui…
Son amour pour la terre ancestrale, ce Pays de Nairi, transparaît dans son combat pour le « Peuplier verdoyant de Nairi », qu’il a célébré dans ces vers :
(Poème traduit avec fluidité pour préserver le rythme)
Tu ondules et tu danses, drapé dans ton vert d’émeraude,
Projette ton ombre sur les chemins de mon enfance,
Ton appel vibre, clair et intense,
Au plus profond des gorges de mon cœur,
Ô toi, mon lointain, mon cher peuplier de Nairi !
(Extrait du poème « Peuplier verdoyant de Nairi »)
Traduire la poésie, c’est révéler un pays à travers ses arbres.
Le grenadier, c’est l’image même de mon pays.
Il ne demande rien et, même dans la sécheresse, il donne ses fruits. Il fleurit encore et encore, tour à tour vert, blanc, jaune, rouge… Il est humble, généreux, mais aussi couvert d’épines.
C’est à travers un buisson de grenadier enraciné dans la roche que l’étranger doit me reconnaître. Son parfum est envoûtant, sa couleur éclatante, son fruit généreux. Ses racines sont profondes et solides – essaye donc de l’arracher…
Le grenadier ne sait pas combien il est précieux, combien il est beau, combien il est essentiel.
Il ne sait pas qu’il est l’âme de l’Arménie, un reflet du caractère de notre peuple.
Cela, c’est à nous de le savoir et de le faire savoir aux autres.
Le grenadier a la force du rocher de Toumanian…
Se comprendre soi-même, c’est aussi comprendre le grenadier.
Hamo Sahyan, dans ses propres mots (cité de la page de Susanna Babajanian).
« Je suis les yeux et les oreilles de la Nature,
Sa conscience incarnée. »
Voilà comment il se décrivait lui-même.
Et selon Paruyr Sévak, il était l’un des « meilleurs versificateurs » de la poésie arménienne.
Preuve en est…
«Notre langue»
Notre langue, c’est notre conscience,
Le pain sacré sur notre table,
L’écho juste de notre âme,
Et le goût même de nos paroles.
Notre langue, c’est la fumée du foyer,
Notre équilibre dans le monde,
Le sel de notre identité,
Le secret intime de notre être.
Notre langue, c’est notre sang,
Plus précieux encore que le sang,
C’est notre parfum, notre couleur,
C’est nous, tout simplement.
Elle doit être notre premier
Et notre dernier amour.
Que possédons-nous d’aussi précieux,
D’aussi profondément nôtre ?
« Le printemps arrive en arménien »
Le printemps arrive en arménien,
Les neiges pleurent en arménien,
Les rivières grondent en arménien.
Les oiseaux chantent en arménien,
Les charrues creusent en arménien,
Les lettres s’élèvent en arménien.
Le soleil se lève en arménien,
Les arbres fleurissent en arménien,
Les mots explosent en arménien.
Les graines germent en arménien,
Les mains sculptent en arménien,
Les pierres se taisent en arménien.
Les vallées respirent en arménien,
Les martyrs reposent en arménien,
Les douleurs gémissent en arménien.
Qu’importe ce qui a été perdu,
Tu es resté arménien,
Tes montagnes renaissent en arménien.
Que Dieu garde ce qui est,
Et quoi qu’il arrive,
Les neiges pleureront en arménien,
Le printemps reviendra en arménien,
Et les siècles parleront arménien.