« Trndez, vois la puissance de la braise,
Sème une seule graine, récolte-en mille. »
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La fête de Trndez, qui symbolise le Feu Créateur réchauffant la Terre et les Hommes, est une célébration du feu. Comme l’explique le prêtre Harout Arakelyan, selon le calendrier sacré haykien, elle est observée le jour de Hrant du mois de Hrotits (le 15 février) à travers des rites uniques visant à accompagner le passage de l’hiver au printemps.
Tout comme la fête de Barekendan, célébrée à la même période et suivant une logique similaire, Trndez a une signification rituelle liée à l’éveil prochain de la nature. Elle célèbre l’arrivée d’une nouvelle année agricole prospère et abondante, accompagnée de rites destinés à assurer la fertilité et la fécondité.
L’homme étant une partie inséparable de l’Univers et de la Nature, l’épanouissement de la nature annonçait et encourageait également de nouvelles unions et la croissance des familles.
« Le feu de la fête est apporté par les prêtres depuis la flamme inextinguible de l’Atarshan brûlant dans les temples, où ils lui confèrent une puissance magique à travers des rites.
À la fin de la célébration, les participants ramènent cette même flamme chez eux pour allumer leur foyer, leur four (aujourd’hui sous forme de bougies) », explique le prêtre Harout Arakelyan.
Une description de la fête de Trndez telle qu’elle était célébrée par les Arméniens de Kharberd et de ses environs, d’après Youshamatean :
« Elle a lieu en février. Le soir, à Kharberd, Hiuséinik et Mezireh, les Arméniens allument des feux sur les toits des maisons. De grands tas de branches brûlent pendant deux ou trois heures, tandis que les jeunes filles et garçons dansent en cercle autour du feu et chantent, certains sautant même par-dessus les flammes.
Dans les villages alentour, Melèt (Trndez) est célébré avec faste.
D’abord, une messe est célébrée en soirée, puis les villageois, bougies allumées, se dirigent vers leurs quartiers respectifs pour allumer le bûcher.
Dans certains villages, un seul feu est allumé dans la cour de l’église. À Barchandj (Berdjentch/Akchakiraz), c’est la personne ayant fait la plus grande donation à l’église ce jour-là qui a l’honneur d’allumer le brasier. Après cette flambée solennelle, la population regagne ses foyers, bougies à la main, et la fête se poursuit sur les toits.
Chaque famille allume alors un petit feu et continue à chanter et danser. Comme combustible, on utilise souvent du tsrdeni (une variété d’arbuste).
Le jour de Melèt (Trndez), les jeunes participent avec enthousiasme à la collecte de bois.
Les cendres du bûcher sont également considérées comme ayant un pouvoir protecteur : les villageois les dispersent sur leurs toits pour éloigner les scorpions et serpents en été, ainsi que dans les étables, poulaillers, granges, champs et vignobles, croyant que Melèt (Trndez) apportera fertilité et abondance.
Dans le village de Datem, Garib Shahbazian rapporte que la tradition de Melèt (Trndez) impose une exigence stricte aux hommes nouvellement mariés :
Ils doivent apporter une grande quantité de bois à l’église et le déposer à son seuil.
S’ils manquent à ce devoir, Shvot (l’esprit malveillant) risque de s’abattre sur eux et de leur enlever leur jeune épouse.
Réchauffés par le feu sacré du bûcher, qui accorde fertilité aux champs et bénédiction aux jeunes mariés, les villageois expriment encore aujourd’hui leurs souhaits et prières :
« Que nos poules pondent, que nos vaches donnent du lait, que nos jeunes mariées enfantent »…
Les chants arméniens dédiés aux jeunes époux et aux amoureux résonnent encore et résonneront toujours lors de Trndez :
Jeune fille, ton nom est Vardanouch,
Tu es belle, ton baiser est doux,
Donne-moi un baiser, que pourrait-il arriver ?
Ni il ne s’use, ni il ne vieillit.
Ô Gourgen, Gourgen, tu as trop parlé,
Mais tu n’as pas dit l’essentiel.
Aimer un jour, c’est une folie,
Soupirer d’amour, c’est un tourment.
Ô jeune fille, Vardanouch,
Je porte ton fardeau,
Je taille pierre et roc,
Et je te rends heureuse.
L’amour sied à celui qui aime,
Ce vin, à celui qui sait le savourer.
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