«Il y a des Haykazouni (descendants de Hayk) et des adorateurs du soleil, et on les appelle les « Fils du Soleil »»…(La question des adorateurs du soleil) – Partie B

Continuons avec le « problème des Arevordis » soulevé dans la publication précédente, en nous familiarisant avec l’enseignement des véritables Arevordis, selon l’interprétation des prêtres de la Fraternité Haykienne qui perpétuent l’ancien culte solaire des Haykazounis.

Dans l’étude de Ղևոնդ Ալիշան intitulée «Histoire ancienne ou la religion païenne des Arméniens», nous lisons : «Il est plus simple et étonnant de constater que le culte solaire, plus que toute autre croyance, s’est enraciné d’une manière durable et profonde chez nos compatriotes. Et à diverses époques, sont apparus des «Enfants du Soleil», qui peut-être existent encore aujourd’hui, bien qu’il soit impossible de déterminer à quel peuple ils appartiennent. Au milieu du XIe siècle, Grigor Magistros mentionne ces personnes sous ce nom et les considère comme issues des mages zoroastriens. « Certains d’entre eux, devenus adorateurs du Soleil, sont appelés les «Fils du Soleil». Ils sont encore nombreux dans cette région (de la Mésopotamie), et les chrétiens les nomment ouvertement ainsi. »»

« … Dans les écrits des auteurs des siècles plus proches de nous, il existe également des mentions concernant les Arewordis. Jusqu’à aujourd’hui, dans les régions de Mésopotamie, il existe une secte appelée « Shamsi » (ce qui signifie « solaire »), qui pratique une religion mélangeant paganisme, christianisme et islam. L’origine de ce peuple est inconnue, et ils parlent la langue des autochtones. Quant à la véritable terre des Arméniens, dans les environs de Kaghzvan, on entend encore les noms des montagnes « Arewordi » ou « Ardzvordi », situées entre les cours d’eau d’Eraskh et d’Aratsani, où de nos jours encore on trouve des Yézidis et des adorateurs du soleil, au moins des Arewordis, mentionnés par les géographes, dont Texier (Texier, Asie Mineure, I, 105, 123). »

Au début du 17e siècle, lors d’un voyage à travers Mardin, Siméon Lehatsi témoigne que les « shemsinés » avaient un lieu de rassemblement (« lieu de prière ») à Mardin, parlaient arménien et, sous la menace de conversion religieuse, se sont dispersés de cet endroit. Certains sont partis en Perse, d’autres en Assyrie, à Tokat et à Merzifon (Siméon le Scribe Lehatsi, « Voyage », p. 208, Vienne, 1936).

Dans les récits de l’expédition scientifique de 1895, l’archéologue et anthropologue français Ernest Chantre (1843-1924) écrit sur les particularités de la religion des Yézidis, l’influence qu’ils ont subie des croyances d’autres peuples et leur rituel de vénération du soleil du matin, en concluant que des éléments zoroastriens ont été inconsciemment conservés chez eux (p. 94). Certains extraits (dans ma traduction) confirment les lignes des chroniqueurs médiévaux : « Certains les considèrent comme musulmans, d’autres comme nestoriens ou adeptes de la doctrine de Zoroastre… Ils vénèrent le soleil comme une image de la justice divine, le principe vital de l’humanité »… « Comme les anciens adorateurs du Soleil, ils vénèrent le peuplier, mais, avec une extrême contradiction, ils considèrent qu’en agissant ainsi, ils vénèrent l’arbre dont le bois a été utilisé pour fabriquer la croix de Jésus »… « Lorsqu’on demande à un Yézidi quelle est sa religion, il répond qu’il est « isavi », c’est-à-dire qu’il appartient à Jésus, en somme qu’il est chrétien. Et comme ils sont d’excellents pillards et voleurs, ils disent en guise de justification que Jésus leur a permis de voler en souvenir du voleur crucifié à sa droite ».

Faisant référence aux Arévorants mentionnés par Nersès Chnorhali, qui, lors de la propagation du christianisme, ont refusé d’accepter la nouvelle religion et ont conservé leur doctrine, Chanter exprime des doutes sur l’observation de Yéghiazarian, selon laquelle les Yézidis pourraient avoir été les représentants de cette secte mentionnée. Chanter rappelle l’étymologie du mot « Yézidi » donnée par Portougalian, qui le relie à la ville de Yazd en Perse, où le zoroastrisme persiste encore aujourd’hui.

«Les « Arevordiner », qui grâce aux descendants des Haykazouni perdurent jusqu’à ce jour, sont les enfants arméniens ayant reçu une initiation spéciale appelée « Arevknunk » — porteurs de l’enseignement de Haik», selon l’explication du prêtre Mihir Haykazoun.

La confusion et l’incertitude chez les auteurs susmentionnés proviennent du fait que, après la propagation du christianisme, les peuples dont les croyances contenaient des éléments de paganisme étaient communément associés au « culte solaire ». Les témoignages relatifs aux habitants de la Mésopotamie à travers les siècles offrent une idée de l’identité des « Enfants du Soleil » mentionnés dans les manuscrits médiévaux.

En décrivant la ville fortifiée de Mertine, construite sur une haute montagne escarpée, et son environnement riche en fruits variés, Lukas Indjijian semble également s’adresser aux habitants locaux : « Les habitants de cette région sont environ 1000. Parmi eux, on trouve des Turcs, des Kurdes, des Arabes, des Arméniens, des Assyriens ou des Jacobites, des Keltans, ainsi que les Shamsiks, qui en arabe signifie « les Soleils », appelés par nos ancêtres les Auroreux » (L. Indjijian, « Géographie des parties sèches du monde, Asie, Europe, Afrique et Amérique ». Travail de Monsieur H. Lukas Vrd. Indjijian Constantinopolitain. À Venise, chez S. Ghazar, l’an 1806, Partie I, Asie, p. 353) : « Les Auroreux, appelés par nos ancêtres les Auroreux »…

«Le culte du Soleil est la culture de la puissance de la Lumière de la Vie, l’aspiration à la Sagesse et à l’auto-perfectionnement. Les adeptes du Soleil sont les porteurs de cette culture et les diffuseurs de cette Lumière : les semeurs de Science, de Sagesse et de Bonté. L’adepte du Soleil est un Héros éduqué selon la vision et la perception du monde des Haïkazoun et l’héritier de la science développée par ses Ancêtres. Les peuples vivant selon le calendrier lunaire ne pouvaient évidemment pas être des « adeptes du Soleil » », note Kourm Mihr Haïkazoun.

Les prêtres de l’Ordre Haïkéan éclairent aujourd’hui avec précision les traditions anciennes des Arévorziens, le culte solaire et l’enseignement haïkéen, en répondant à de nombreuses questions restées floues au fil des siècles.

Quelques explications succinctes, suivies d’une interview avec Kourm Mihr Haïkazoun, ci-dessous :