« Je ne sais pourquoi, ô mon cœur si fragile,
Aujourd’hui tu as soif d’entendre
Une ancienne chanson oubliée,
Que ma mère me chantait pour m’endormir… » (Sarmen)
Depuis les temps anciens, les sages nous rappellent que les pertes ne se limitent pas aux biens matériels.
Les pertes morales et culturelles sont bien pires : une pensée claire et pure, des intentions sincères, une conduite droite et vertueuse…
Ils nous conseillent de toujours écouter notre conscience et notre raison, en examinant attentivement notre propre âme et les personnes, les événements qui nous entourent.
En mettant en contraste la quête de richesse et de gloire avec la simplicité d’une vie honnête, ils soulignaient la futilité de la vie éphémère.
La cabane du philosophe romain Épictète n’avait ni porte ni serrure. Un banc en bois, une natte en jonc et une lampe en terre cuite composaient l’ensemble de son mobilier.
Il vivait selon le principe que, au lieu de décorer sa maison pour étonner les autres, l’homme sage embellit son esprit et s’élève en adoptant de nobles idéaux moraux.
« Restant fidèles aux préceptes de leurs ancêtres, les Haykazuniens ont été élevés pendant des millénaires avec l’invitation à chercher l’élévation et la noblesse par l’auto-amélioration.
Les répercussions du système de valeurs établi par les Patriarches arméniens résonnent dans les nombreuses fêtes nationales joyeuses et les rituels, qui ont été préservés jusqu’à aujourd’hui, comme un hymne unique à la perpétuation de la Vie, à la louange du Soleil vivifiant et de la Terre fertile…
En dissipant le “brouillard” imposé par les âges, ces valeurs éclairent notre esprit et notre conscience avec leur charme ancien. »
Conscients de l’importance de préserver la pensée et la culture nationales, de nombreux chercheurs arméniens ont tourné leur attention vers la question de la préservation de l’héritage transmis depuis des siècles.
« En voulant éviter la perte irréversible des éléments relatifs à l’ethnographie arménienne, j’ai eu peur que de nombreux rites et coutumes, bien que parfois insignifiants et discrets, m’échappent, alors qu’ils sont nécessaires aux recherches. C’est pourquoi j’ai décidé de me laisser guider par l’œuvre incomparable d’Herbert Spencer, Les Institutions cérémonielles. J’ai conçu un programme détaillé avec des questions et, à cette fin, j’ai voyagé à Alexandropol, Kars, Kagzvan, Nakhitchevan l’Ancien, Erevan, Vagharshapat, où j’ai recueilli de nombreux matériaux, que j’ai ensuite complétés lors de mes voyages à Vaspourakan et avec des éléments déjà collectés dans les régions du Caucase du Sud. À ce corpus personnel, j’ai ajouté les matériaux dispersés dans l’ethnographie arménienne et la littérature ancienne arménienne pour créer l’ouvrage actuel », écrit Ervand Lalayan dans la préface de son ouvrage Les rites chez les Arméniens, et il continue : « …Il y aura toujours assez de temps pour mener des recherches, mais si nous restons indifférents pendant encore un quart de siècle à la collecte des matériaux arméniens, beaucoup disparaîtront définitivement. Mon objectif immédiat n’est donc pas de fournir une étude complète, mais de rechercher, découvrir et préserver les matériaux arméniens de la perte définitive, grâce aux recherches européennes. »
Quelques extraits de cette étude d’Ervand Lalayan suivront…